Importations parallèles
de spécialités pharmaceutiques
La Commission
européenne a publié une communication précisant les modalités d'application
pratique du principe de la libre circulation des marchandises dans l'UE aux
importations parallèles de spécialités pharmaceutiques. Les importations
parallèles sont des produits importés entre deux États membres et mis sur le
marché dans l'Etat membre de destination en dehors des canaux officiels de
diffusion du fabricant ou de son distributeur agréé. Dans le cas de
médicaments, de telles importations sont autorisées si le médicament importé
est identique ou suffisamment similaire à un médicament déjà autorisé à la
vente dans l'Etat membre de destination. Afin d'aider les entreprises et les
administrations nationales à tirer pleinement parti du marché intérieur des
médicaments, la communication expose les droits et les devoirs des parties
concernées et les garanties qui leur sont accordées par le droit communautaire.
Bruxelles, le 19 janvier 2004
Libre circulation des
marchandises: la Commission précise les règles communautaires applicables aux
importations parallèles de spécialités pharmaceutiques
La Commission européenne a publié une
communication précisant les modalités d'application pratique du principe de la
libre circulation des marchandises dans l'UE aux importations parallèles de
spécialités pharmaceutiques. Les importations parallèles sont des produits
importés entre deux État membre et mis sur le marché dans l'État membre de
destination en dehors des canaux officiels de diffusion du fabricant ou de son
distributeur agréé. Dans le cas de médicaments, de telles importations sont
autorisées si le médicament importé est identique ou suffisamment similaire à
un médicament déjà autorisé à la vente dans l'État membre de destination. Afin
d'aider les entreprises et les administrations nationales à tirer pleinement
parti du marché intérieur des médicaments, la communication expose les droits
et les devoirs des parties concernées et les garanties qui leur sont accordées
par le droit communautaire.
Frits Bolkestein,
Commissaire chargé du marché intérieur a déclaré: "La présente
communication expose clairement aux administrations nationales les conditions dans
lesquelles les importations parallèles de médicaments peuvent être autorisées
et aux responsables de la commercialisation de médicaments les procédures à
appliquer pour effectuer de telles importations parallèles. L'objectif ultime
est de permettre aux malades et aux prestataires de soins de bénéficier des
importations parallèles sans que la sécurité des malades soit mise en
danger."
L'importation parallèle de médicaments est
une forme légale de commerce dans le cadre du marché intérieur, en application
des dispositions du traité CE relatives à la libre circulation des marchandises
(article 28), sous réserve des restrictions concernant la protection de la
santé et de la vie des personnes et la protection de la propriété industrielle
et commerciale (article 30 du traité CE).
La communication de la Commission remplace
et actualise une communication de 1982 sur le même sujet. Elle offre une
référence exhaustive à la jurisprudence récente de la Cour de justice.
Depuis l'adoption de la communication de la
Commission de 1982, la Cour a abordé un grand nombre de questions concernant
les importations parallèles de médicaments et a confirmé qu'un médicament
importé parallèlement fait l'objet d'une licence accordée sur la base d'une
procédure simplifiée en rapport, par exemple, avec la procédure appliquée aux
nouveaux médicaments commercialisés pour la première fois dans l'UE- lorsque
l'information nécessaire à la protection de la santé publique est déjà à la
disposition des autorités de l'État membre de destination.
C'est le cas lorsque le produit en question
a déjà reçu une autorisation de mise sur le marché dans l'État membre d'origine
et est suffisamment similaire à un produit (baptisé "produit de
référence") autorisé dans l'État membre de destination. L'importation
parallèle d'un médicament reste possible même lorsque l'autorisation du produit
de référence a été supprimée et la licence d'importation parallèle n'est pas
nécessairement retirée si la mesure n'est pas est justifiée par des motifs de
protection de la santé publique
Un autre développement qui a contribué de
façon significative à la sécurité juridique et donc au fonctionnement
harmonieux du marché intérieur est la série de jugements rendus par la Cour
concernant le reconditionnement d'un produit importé en parallèle. La Cour a
précisé que la protection du droit conféré par la marque n'est pas sans
limites, en observant notamment qu'elle ne pouvait pas contribuer à créer un
partitionnement artificiel du marché intérieur. Dès lors, l'importateur parallèle
peut reconditionner une spécialité médicale et réapposer la marque, ou même la
remplacer par la marque utilisée sur le marché de destination, pour autant que
le reconditionnement n'affecte pas défavorablement l'état d'origine du produit
ou la réputation de la marque et de son propriétaire. D'autres conditions
confirmées par la Cour sont que le nouvel emballage indique par qui le produit
a été reconditionné et également que le propriétaire de la marque soit averti
préalablement à la mise en vente du médicament reconditionné.
Communication de la Commission sur les importations parallèles
de spécialités pharmaceutiques
questions fréquemment posées
Bruxelles, le 19 janvier 2004
Communication de la Commission
sur les importations parallèles de spécialités pharmaceutiques questions
fréquemment posées
(voir également IP/04/65)
Que faut-il entendre par «importations
parallèles» et quand ont-elles lieu?
Par importations parallèles, il faut
entendre les importations de produits en provenance d'un autre État membre
ainsi que leur commercialisation dans l'État membre de destination par des
circuits autres que les réseaux officiels de distribution du fabricant ou de
ses vendeurs agréés. Généralement, il y a des importations parallèles lorsque
les prix de produits similaires varient sensiblement entre deux États membres,
en raison des réglementations nationales ou de la politique du fabricant. De ce
fait, les opérateurs ont intérêt à acheter ces produits dans l'État membre où
ils sont moins chers et à les vendre dans celui où ils coûtent davantage, le
tout à un prix qui leur permet de dégager un bénéfice.
Quel est l'objectif de la présente
communication?
L'objectif est de clarifier, pour les
besoins des administrations nationales ainsi que des entreprises et des
individus qui sont concernés par la commercialisation des produits médicaux, la
législation communautaire sur les importations parallèles de spécialités
pharmaceutiques en se basant sur le principe de libre circulation des biens tel
qu'il est défini par le traité CE et la jurisprudence de la Cour européenne de
justice.
D'une manière générale, dans quels cas de
figure les importations parallèles de médicaments sont-elles autorisées?
Lorsque le produit en question est identique
ou très similaire à un produit dont la mise en vente est déjà autorisée dans
l'État membre d'importation prévu.
Quels sont les avantages potentiels des importations
parallèles?
Les échanges parallèles sont généralement
basés sur le principe de libre circulation des biens et contribuent au
développement du marché intérieur dans la mesure où un plus grand nombre de
produits proposés à des prix différents passent d'un marché national à un autre
et sont donc accessibles aux consommateurs.
La Cour a jugé (arrêt rendu le 8 avril 2003
dans l'affaire C 44/01 - paragraphe 63 de l'arrêt) que «dans le cadre de
l'achèvement du marché intérieur, en tant qu'espace sans frontières internes
dans lequel la libre concurrence doit être assurée, les importations parallèles
jouent un rôle important pour empêcher le cloisonnement des marchés nationaux».
Comment définit-on la «similitude» avec un
produit autorisé?
Ce point a été clarifié par la Cour dans
l'intérêt des patients et des autorités nationales responsables de la santé
publique. Il convient en particulier de noter que le produit importé en
parallèle (une fois qu'une première autorisation de mise sur le marché a été
accordée par l'État membre de destination) ne doit pas être identique à tous
égards au produit déjà commercialisé par le fabricant, mais qu'il doit au moins
avoir été produit selon la même formule, en utilisant les mêmes ingrédients, et
qu'il doit avoir les mêmes effets thérapeutiques.
Le terme «parallèles» ne suppose-t-il pas
des importations échappant aux contrôles en vigueur?
Non. Les importations parallèles sont
parfaitement légales et résultent directement des écarts de prix existant entre
les États membres de l'UE ainsi que du développement du marché intérieur qui
garantit la libre circulation des biens. Toutefois, certaines exigences doivent
être respectées, notamment celles qui découlent de la nécessité de protéger la
santé publique. Le terme «parallèles» indique tout simplement que la spécialité
pharmaceutique est importée et commercialisée en dehors du réseau de
distribution du fabricant et de ses revendeurs.
L'État membre de
destination peut-il interrompre ou restreindre les importations parallèles?
Oui, s'il établit que les mesures
restrictives visent à protéger la vie et la santé humaines ou des droits de
propriété industrielle et commerciale (brevets et marques). Les autorités
nationales doivent en outre démontrer que ces mesures sont nécessaires et
proportionnelles aux risques.
Comment la vie et la santé humaines
peuvent-elles être efficacement protégées?
Les États membres disposent d'une variété
d'outils et de procédures permettant de protéger la santé publique et, dans le
cas des produits médicaux, l'autorisation de mise sur le marché n'est accordée
qu'après des vérifications approfondies. Une fois que la commercialisation d'un
produit médical a été autorisée, il serait dommage d'engager des efforts
superflus, disproportionnés, longs et coûteux pour appliquer une nouvelle fois
la même procédure nécessitant souvent des essais cliniques étendus à un produit
d'importation parallèle qui est identique ou similaire à celui qui a déjà été
autorisé.
Si l'autorisation du «produit de référence»
est retirée, les États membres peuvent-ils également retirer du marché les
importations parallèles concernées?
Lorsque l'autorisation du produit de
référence est retirée pour des motifs autres que la protection de la santé
publique (par exemple, pour des raisons liées à la politique de
commercialisation du fabricant), le produit importé en parallèle ne doit pas
automatiquement être retiré des ventes.
Un fabricant peut-il faire interrompre ou
restreindre des importations parallèles?
Le fabricant ou le détenteur d'un droit
industriel ou commercial peut effectivement demander aux autorités nationales
ou aux tribunaux de l'État membre de destination de protéger l'objet spécifique
de ces droits. En d'autres termes, le détenteur d'un brevet peut demander à
protéger son droit exclusif d'utiliser une invention en vue de fabriquer des
produits industriels et de les commercialiser une première fois, que ce soit
directement ou par l'octroi d'une licence à une tierce partie. Toutefois, dès
lors qu'il commercialise pour la première fois son produit dans n'importe quel
État membre, il perd son droit de restreindre la commercialisation du produit
dans un autre État membre (son droit exclusif de commercialisation est épuisé
dans l'ensemble du marché intérieur, en vertu du principe d'épuisement
communautaire). L'importateur parallèle peut alors acheter le produit dans
un État membre et le revendre dans un autre.
L'importateur parallèle peut-il procéder au
reconditionnement du produit?
Dans certaines circonstances (différences de
langues), des modifications de conditionnement sont jugées nécessaires pour la
commercialisation du produit médical dans l'État membre de destination; en
d'autres termes, il s'agit d'éviter le partitionnement artificiel du marché
intérieur.
Aussi l'importateur parallèle peut-il
modifier l'emballage et y faire de nouveau figurer la marque ou même la
remplacer par la marque utilisée pour le même produit dans l'État membre de
destination, pour autant que certaines conditions soient respectées.
Premièrement, le conditionnement d'origine du produit ne doit pas être affecté
défavorablement. Deuxièmement, il convient d'indiquer sur le nouvel emballage
qui a reconditionné et fabriqué le produit. Troisièmement, la présentation du
produit reconditionné ne doit pas être susceptible de porter atteinte à la
réputation de la marque ou de son propriétaire. Quatrièmement, le propriétaire
de la marque doit être notifié au préalable de la commercialisation du produit
reconditionné. La Cour a émis des lignes directrices pour chacune de ces
conditions.
L'importateur parallèle peut-il modifier le
produit lui-même?
Non. L'importateur parallèle ne peut pas
modifier les caractéristiques essentielles du produit lui-même, car il serait
alors susceptible de créer un produit nouveau qui ne relèverait pas, par
conséquent, de la définition du produit importé en parallèle.
La communication porte-t-elle sur les
médicaments vendus sur ordonnance de même que sur les médicaments vendus sans
ordonnance?
Oui, la communication couvre l'ensemble des
spécialités pharmaceutiques, tant les médicaments vendus sur ordonnance que les
autres.
Dans quelle mesure la loi sur les
importations parallèles de médicaments est-elle touchée par l'arrêt de la Cour
européenne du 6 janvier 2004 selon lequel Bayer était habilité à refuser
d'approvisionner des grossistes dans certains pays?
Cet arrêt porte sur des questions de
concurrence (pratiques du secteur privé en matière de livraisons) et ne porte
pas atteinte à la jurisprudence de la Cour sur la libre circulation des biens
ou les mesures publiques relatives aux importations parallèles. Aussi n'a-t-il
aucune répercussion sur le contenu de la communication qui explique les arrêts
de la Cour en ce qui concerne la libre circulation des biens.
Tous les problèmes ont-ils finalement été
résolus?
Pas tout à fait. Même si la Cour a résolu de
nombreux problèmes et même si la législation communautaire traite les questions
générales liées à la commercialisation des médicaments, il y a toujours de
nouveaux éléments susceptibles d'avoir des répercussions sur les importations
parallèles. Il convient toutefois de régler les problèmes en suspens en
respectant les résultats obtenus et en poursuivant la coopération entre les
institutions européennes, les autorités nationales et les opérateurs
économiques.