Convention CMR (signée le 19 mai 1956 à Genève)
(Ord. 23 déc. 1958, JO 26 déc.)
PREAMBULE
Les parties
contractantes,
Ayant reconnu
l'utilité de régler d'une manière uniforme les conditions du contrat de
transport international de marchandises par route, particulièrement en ce qui
concerne les documents utilisés pour ce transport et la responsabilité du
transporteur,
Sont
convenues de ce qui suit :
CHAPITRE 1er.
- CHAMP D'APPLICATION
Article 1er
1. - La
présente Convention s'applique à tout contrat de transport de marchandises par
route à titre onéreux au moyen de véhicules, lorsque le lieu de la prise en
charge de la marchandise et le lieu prévu pour la livraison, tels qu'ils sont
indiqués au contrat, sont situés dans deux pays différents dont l'un au moins
est un pays contractant. Il en est ainsi quels que soient le domicile et la
nationalité des parties.
2. - Pour
l'application de la présente Convention, il faut entendre par
« véhicules » les automobiles, les véhicules articulés, les remorques
et les semi-remorques, tels qu'ils sont définis par l'article 4 de la
Convention sur la circulation routière en date du 19 septembre 1949.
3. - La
présente Convention s'applique même si les transports rentrant dans son champ
d'application sont effectués par des Etats ou par des institutions ou
organisations gouvernementales.
4. - La
présente Convention ne s'applique pas :
a) aux
transports effectués sous l'empire de conventions postales internationales,
b) aux
transports funéraires,
c) aux
transports de déménagement.
5. - Les
Parties contractantes s'interdisent d'apporter par voie d'accords particuliers
conclus entre deux ou plusieurs d'entre elles toute modification à la présente
Convention, sauf pour soustraire à son empire leur trafic frontalier ou pour
autoriser dans les transports empruntant exclusivement leur territoire l'emploi
de la lettre de voiture représentative de la marchandise.
Article 2
1. - Si le
véhicule contenant les marchandises est transporté par mer, chemin de fer, voie
navigable intérieure ou air sur une partie du parcours, sans rupture de charge
sauf, éventuellement, pour l'application des dispositions de l'article 14,
la présente Convention s'applique néanmoins, pour l'ensemble du transport.
Cependant, dans la mesure où il est prouvé qu'une perte, une avarie ou un
retard à la livraison de la marchandise qui est survenu au cours du transport
par l'un des modes de transport autre que la route n'a pas été causé par un
acte ou une omission du transporteur routier et qu'il provient d'un fait qui
n'a pu se produire qu'au cours et en raison du transport non routier, la
responsabilité du transporteur routier est déterminée non par la présente
Convention, mais de la façon dont la responsabilité du transporteur non routier
eût été déterminée si un contrat de transport avait été conclu entre
l'expéditeur et le transporteur non routier pour le seul transport de la
marchandise, conformément aux dispositions impératives de la loi concernant le
transport de marchandises par le mode de transport autre que la route.
Toutefois, en l'absence de telles dispositions, la responsabilité du
transporteur par route sera déterminée par la présente Convention.
2. - Si le
transporteur routier est en même temps le transporteur non routier, sa
responsabilité est également déterminée par le paragraphe premier comme si sa
fonction de transporteur routier et sa fonction de transporteur non routier
étaient exercées par deux personnes différentes.
CHAPITRE II. - PERSONNES DONT REPOND LE TRANSPORTEUR
Article 3
Pour
l'application de la présente Convention, le transporteur répond, comme de ses
propres actes et omissions, des actes et omissions de ses préposés et de toutes
autres personnes aux services desquelles il recourt pour l'exécution du
transport lorsque ces préposés ou ces personnes agissent dans l'exercice de
leurs fonctions.
CHAPITRE III. - CONCLUSION ET EXECUTION DU CONTRAT DE TRANSPORT
Article 4
Le contrat de
transport est constaté par une lettre de voiture. L'absence, l'irrégularité ou
la perte de la lettre de voiture n'affectent ni l'existence ni la validité du
contrat de transport qui reste soumis aux dispositions de la présente
Convention.
Article 5
1. - La
lettre de voiture est établie en trois exemplaires originaux signés par
l'expéditeur et par le transporteur, ces signatures pouvant être imprimées ou
remplacées par les timbres de l'expéditeur et du transporteur si la législation
du pays où la lettre de voiture est établie le permet. Le premier exemplaire
est remis à l'expéditeur, le deuxième accompagne la marchandise et le troisième
est retenu par le transporteur.
2. - Lorsque
la marchandise à transporter doit être chargée dans des véhicules différents,
ou lorsqu'il s'agit de différentes espèces de marchandises ou de lots
distincts, l'expéditeur ou le transporteur a le droit d'exiger l'établissement
d'autant de lettres de voiture qu'il doit être utilisé de véhicules ou qu'il y
a d'espèces ou de lots de marchandises.
Article 6
1. - La
lettre de voiture doit contenir les indications suivantes :
a) le lieu
et la date de son établissement ;
b) le
nom et l'adresse de l'expéditeur ;
c) le
nom et l'adresse du transporteur ;
d) le
lieu et la date de la prise en charge de la marchandise et le lieu prévu pour
la livraison ;
e) le
nom et l'adresse du destinataire ;
f) la
dénomination courante de la nature de la marchandise et le mode d'emballage,
et, pour les marchandises dangereuses, leur dénomination généralement
reconnue ;
g) le
nombre des colis, leurs marques particulières et leurs numéros ;
h) le
poids brut ou la quantité autrement exprimée de la marchandise ;
i) les
frais afférents au transport (prix de transport, frais accessoires, droits de
douane et autres frais survenant à partir de la conclusion du contrat jusqu'à
la livraison) ;
j) les
instructions requises pour les formalités de douane et autres ;
k) l'indication
que le transport est soumis, nonobstant toute clause contraire, au régime
établi par la présente Convention.
2. - Le cas
échéant, la lettre de voiture doit contenir, en outre, les indications
suivantes :
a) l'interdiction
de transbordement ;
b) les
frais que l'expéditeur prend à sa charge ;
c) le
montant du remboursement à percevoir lors de la livraison de la
marchandise ;
d) la
valeur déclarée de la marchandise et la somme représentant l'intérêt spécial à
la livraison ;
e) les
instructions de l'expéditeur au transporteur en ce qui concerne l'assurance de
la marchandise ;
f) le
délai convenu dans lequel le transport doit être effectué ;
g) la
liste des documents remis au transporteur.
3. - Les
parties peuvent porter sur la lettre de voiture toute autre indication qu'elles
jugent utile.
Article 7
1. -
L'expéditeur répond de tous frais et dommages que supporterait le transporteur
en raison de l'inexactitude ou de l'insuffisance :
a) des indications
mentionnées à l'article 6, paragraphe 1-b, d, e, f, g, h et j ;
b) des
indications mentionnées à l'article 6, paragraphe 2 ;
c) de
toutes autres indications ou instructions qu'il donne pour l'établissement de
la lettre de voiture ou pour y être reportées.
2. - Si, à la
demande de l'expéditeur, le transporteur inscrit sur la lettre de voiture les
mentions visées au paragraphe 1 du présent article, il est considéré,
jusqu'à preuve du contraire, comme agissant pour le compte de l'expéditeur.
3. - Si la
lettre de voiture ne contient pas la mention prévue à l'article 6,
paragraphe 1-k, le transporteur est responsable de tous frais et dommages
que subirait l'ayant droit à la marchandise en raison de cette omission.
Article 8
1. - Lors de
la prise en charge de la marchandise, le transporteur est tenu de
vérifier :
a) l'exactitude
des mentions de la lettre de voiture relatives au nombre de colis, ainsi qu'à
leurs marques et numéros ;
b) l'état
apparent de la marchandise et de son emballage.
2. - Si le
transporteur n'a pas de moyens raisonnables de vérifier l'exactitude des
mentions visées au paragraphe 1-a du présent article, il inscrit sur la
lettre de voiture des réserves qui doivent être motivées. Il doit de même
motiver toutes les réserves qu'il fait au sujet de l'état apparent de la
marchandise et de son emballage. Ces réserves n'engagent pas l'expéditeur, si
celui-ci ne les a pas expressément acceptées sur la lettre de voiture.
3. -
L'expéditeur a le droit d'exiger la vérification par le transporteur du poids
brut ou de la quantité autrement exprimée de la marchandise. Il peut aussi
exiger la vérification du contenu des colis. Le transporteur peut réclamer le
paiement des frais de vérification. Le résultat des vérifications est consigné
sur la lettre de voiture.
Article 9
1. - La
lettre de voiture fait foi, jusqu'à preuve du
contraire, des conditions du contrat et de la réception de la marchandise par
le transporteur.
2. - En
l'absence d'inscription sur la lettre de voiture de réserves motivées du transporteur,
il y a présomption que la marchandise et son emballage étaient en bon état
apparent au moment de la prise en charge par le transporteur et que le nombre
des colis, ainsi que leurs marques et numéros, étaient conformes aux
énonciations de la lettre de voiture.
Article 10
L'expéditeur
est responsable envers le transporteur des dommages aux personnes, au matériel
ou à d'autres marchandises, ainsi que des frais, qui auraient pour origine la
défectuosité de l'emballage de la marchandise, à moins que, la défectuosité
étant apparente ou connue du transporteur au moment de la prise en charge, le
transporteur n'ait pas fait de réserves à son sujet.
Article 11
1. - En vue
de l'accomplissement des formalités de douane et autres à remplir avant la
livraison de la marchandise, l'expéditeur doit joindre à la lettre de voiture
ou mettre à la disposition du transporteur les documents nécessaires et lui
fournir tous renseignements voulus.
2. - Le
transporteur n'est pas tenu d'examiner si ces documents et renseignements sont
exacts ou suffisants. L'expéditeur est responsable envers le transporteur de
tous dommages qui pourraient résulter de l'absence, de l'insuffisance ou de
l'irrégularité de ces documents et renseignements, sauf en cas de faute du
transporteur.
3. - Le
transporteur est responsable au même titre qu'un commissionnaire des
conséquences de la perte ou de l'utilisation inexacte des documents mentionnés
sur la lettre de voiture et qui accompagnent celle-ci ou qui sont déposés entre
ses mains ; toutefois, l'indemnité à sa charge ne dépassera pas celle qui
serait due en cas de perte de la marchandise.
Article 12
1. -
L'expéditeur a le droit de disposer de la marchandise, notamment en demandant
au transporteur d'en arrêter le transport, de modifier le lieu prévu pour la
livraison ou de livrer la marchandise à un destinataire différent de celui
indiqué sur la lettre de voiture.
2. - Ce droit
s'éteint lorsque le deuxième exemplaire de la lettre de voiture est remis au
destinataire ou que celui-ci fait valoir le droit prévu à l'article 13,
paragraphe 1 ; à partir de ce moment, le transporteur doit se
conformer aux ordres du destinataire.
3. - Le droit
de disposition appartient toutefois au destinataire dès l'établissement de la
lettre de voiture si une mention dans ce sens est faite par l'expéditeur sur
cette lettre.
4. - Si, en
exerçant son droit de disposition, le destinataire ordonne de livrer la
marchandise à une autre personne, celle-ci ne peut pas désigner d'autres
destinataires.
5. -
L'exercice du droit de disposition est subordonné aux conditions
suivantes :
a) l'expéditeur
ou, dans le cas visé au paragraphe 3 du présent article, le destinataire
qui veut exercer ce droit doit présenter le premier exemplaire de la lettre de
voiture, sur lequel doivent être inscrites les nouvelles instructions données
au transporteur, et dédommager le transporteur des frais et du préjudice
qu'entraîne l'exécution de ces instructions ;
b) cette
exécution doit être possible au moment où les instructions parviennent à la
personne qui doit les exécuter et elle ne doit ni entraver l'exploitation
normale de l'entreprise du transporteur ni porter préjudice aux expéditeurs ou
destinataires d'autres envois ;
c) les
instructions ne doivent jamais avoir pour effet de diviser l'envoi.
6. - Lorsque,
en raison des dispositions prévues au paragraphe 5-b du présent article,
le transporteur ne peut exécuter les instructions qu'il reçoit, il doit en
aviser immédiatement la personne dont émanent ces instructions.
7. - Le
transporteur qui n'aura pas exécuté les instructions données dans les
conditions prévues au présent article ou qui se sera conformé à de telles
instructions sans avoir exigé la présentation du premier exemplaire de la
lettre de voiture sera responsable envers l'ayant droit du préjudice causé par
ce fait.
Article 13
1. - Après l'arrivée de la marchandise au lieu prévu pour la livraison, le destinataire a le droit de demander que le deuxième exemplaire de la lettre de voiture lui soit remis et que la marchandise lui soit livrée, le tout contre décharge. Si la perte de la marchandise est établie, ou si la marchandise n'est pas arrivée à l'expiration du délai prévu à l'article 19, le destinataire est autorisé à faire val