C'est sur fond de lutte contre l'émigration clandestine que le gouvernement italien a reconduit cette année le quota de 1.000 titres de séjour qu'il a instauré en 2007 au profit de travailleurs algériens désirant s'installer en Italie. C'est donc pour lutter contre l'émigration clandestine que le gouvernement Berlusconi a instauré ce quota puisque l'Italie se considère comme étant le 4ème pays dans le monde de destination de flux migratoires clandestins. «C'est parce que l'Italie a une position géographique qui la met en avant», a expliqué l'ambassadeur italien à Alger à des journalistes qu'il a reçus hier dans sa résidence. Il pense que «l'émigration clandestine est étroitement liée à des réseaux criminels, blanchiment d'argent, trafic d'armes, drogues... qui mettent en péril la vie des jeunes en les faisant traverser la mer». Le phénomène concerne, dit-il, «un grand nombre de pays subsahariens, en plus de ceux de l'Amérique. L'Algérie, la Tunisie, la Libye sont directement affectées en général comme pays de transit.» L'Italie et la Libye ont conclu, fait-il savoir, une série d'accords, «en plus bien sûr du traité d'amitié qui a réglé une série de questions pas seulement politiques mais aussi économiques et sociales». A partir du 11 mai dernier, souligne-t-il aussi, «en plus d'une assistance de l'Italie aux gardes-côtes libyens, nous avons mis en place des patrouilles conjointes dans le cadre d'un mécanisme de surveillance des frontière sud de la Libye». Mécanisme dont la mise en oeuvre en Europe est à charge de l'agence Frontex qui patrouille dans la Méditerranée. Les discussions avec l'Algérie sont menées à ce sujet au niveau des gouvernements. L'Algérie a d'ailleurs participé la semaine dernière en Italie à un forum international sur ce mécanisme. «Il serait intéressant de faire ça dans un cadre multilatéral avec l'ensemble des pays du Sud», estime l'ambassadeur. Les autorités italiennes ont soulevé le problème dans les enceintes européennes pour, explique-t-il, réfléchir à cet effet «sur la répartition des tâches notamment entre pays européens mais aussi avec les pays du Sud, parce que l'Italie ne peut pas gérer ce courant à elle seule. On ne peut non plus gérer ce phénomène avec des mesures improvisées.» Les visas de travail... C'est là, pour reprendre l'ambassadeur, «un appel à nos amis européens parce que l'effort doit être commun». Il estime que le Commissariat aux réfugiés pourrait aussi débattre de la question au niveau international. L'ambassadeur reste cependant convaincu que «l'émigration clandestine ne doit pas être traitée seulement comme un problème sécuritaire mais aussi d'un point de vue économique et social». Pour lui, l'émigration économique est un thème important qui connaît de grands changements dans les pays d'accueil en raison de leur structuration démographique, économique et sociale. Il estime que ces pays «ont une nécessité d'importer de la main-d'oeuvre. Une nécessité qu'ils reconnaissent absolument.» Ce qui explique, selon lui, la décision de l'Italie d'établir des visas de travail entre autres pour les Algériens. Sur les 60.000 qu'elle accorde à travers le monde, elle a décidé d'en réserver 1.000 pour l'Algérie et de niveaux inférieurs pour les autres pays du Maghreb. «L'année dernière, l'Italie a établi pour la 1ère fois un quota de 1.000 visas de travail pour des Algériens désirant travailler en Italie», dit-il en affirmant que ce même quota a été reconduit pour cette année. Pour l'obtention d'un visa de travail, il faut que le demandeur ait bénéficié au préalable d'un contrat de travail dûment établi par une entreprise italienne installée en Italie. «L'ambassade et le consulat d'Italie en Algérie ne peuvent en aucun cas décider de la délivrance d'un visa de travail sans que la procédure légale ne soit entamée et bien menée», précise l'ambassadeur. Une procédure méconnue Une fois le contrat signé par l'entrepreneur italien au profit d'un travailleur algérien, ce même entrepreneur s'adressera en Italie à un guichet unique à travers lequel plusieurs ministères (Intérieur, Travail, Santé...) exigeront des précisions sur l'entreprise et sur le travailleur qu'elle recrute. Les entreprises susceptibles de conclure ce genre de contrat sont issues en général du secteur traditionnel italien de la machinerie, l'industrie, l'énergie, l'agriculture, le bâtiment. Une fois la procédure légale finalisée par les soins de l'entrepreneur, le dossier est déposé au niveau d'une des préfectures italiennes pour l'accord. Et ce n'est qu'après que le travailleur algérien pourrait bénéficier d'un visa de travail qui lui donnera le droit à un titre de séjour d'un an renouvelable. Premier quota du genre à avoir été instauré donc en 2007, les 1.000 titres de séjour ou titres de travail en faveur de travailleurs algériens désirant s'établir en Italie n'ont pas été complètement exploités. L'ambassade signale ainsi que les visas pour travail subordonnés délivrés par ses services à Alger ont connu des augmentations importantes en 2008 où 415 visas de travail ont été délivrés, soit +22,8% par rapport à l'année 2007. Plus de la moitié de la quote-part réservée à l'Algérie n'a donc pas trouvé preneur. La raison serait probablement liée à une méconnaissance de la procédure par les Algériens. L'ambassadeur d'Italie à Alger rappelle, comme autre procédure de lutte contre l'émigration clandestine, l'accord de réadmission signé en 2006 avec l'Algérie. «Cet accord, dans son ensemble, marche relativement bien. C'est un mécanisme qui fonctionne mais qui pourrait être amélioré.» Il avoue qu'«il implique un grand travail d'identification des personnes retenues par les autorités consulaires et diplomatiques algériennes en Italie. C'est un travail lourd.» Plus de 4.000 personnes ont été rapatriées en 2008 de la Sardaigne mais aussi de Lampedusa. En attendant que la question de l'émigration clandestine soit discutée dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée (UMP) qui, dit l'ambassadeur, «traverse un moment difficile pour des raisons politiques», les 5+5, affirme-t-il, est «un cadre qui fonctionne très bien pour plusieurs secteurs et mène une concertation de plus en plus importante au niveau des ministres des Affaires étrangères. Mais c'est un cadre de coopération que nous souhaiterions renforcer parce qu'il n'a pas un volet économique et social important.» Cliquez ici pour suivre le lien |